La philosophie

La relation sociale

La relation s’exprime d’abord par des liens qui unissent les individus. Les relations sociales se manifestent dans le comportement ou l’attitude mais également dans des mécanismes cognitifs, comme les stéréotypes ou les préjugés.

Le lien social pourrait être défini comme un ensemble de forces (analysant des rapports) ou de caractéristiques (décrivant des traits) ou de mécanismes (étudiant les interactions) qui permettent de relier les individus entre eux et, simultanément, de rattacher chaque individu à une collectivité (Pigeassou : 1998). La vie individuelle et collective apparaît alors comme un ensemblier d’évènements au travers duquel se nouent et se dénouent ses liens.

Consciente de l’importance des liens sociaux dans la vie des résidents, l’équipe pluridisciplinaire cible ses interventions sur trois formes d’expression de la relation :

Le résident et son lien individuel visent l’estime de soi, la liberté de la personne sur ses propres choix et le rapport de soi à soi c’est-à-dire son rapport avec lui-même.

Le résident et son lien interindividuel font référence aux rapports avec autrui, à la socialisation, aux relations familiales, à la responsabilité de la personne sur sa vie en groupe. Où l’importance est de forger l’identité collective de la personne.

La personne et son lien sociétal cherchent à reconnaître l’individu en tant que citoyen, acteur et actif au sein de la société pour parvenir à promouvoir le changement social dans sa propre vie.

La bientraitance

La notion de bientraitance recouvre un ensemble de comportements et d’attitudes visant à aborder l’autre, tel qu’il est, et d’adopter une posture adéquate dans une situation donnée, avec le souci de « faire le bien pour lui ». La pratique de bons soins, les marques d’affection, le renforcement positif, l’aide et le soutien envers les personnes, sont d’autant d’actes visant la bientraitance de la personne en situation de handicap.

C’est dans une volonté de développer une culture basée sur la bientraitance que la Résidence du Fort a choisi de construire et de respecter les principes qui posent la bientraitance comme socle de la vision globale du résident. Cette vision globale du résident, comprenant sa personne, son entourage et son environnement, nous permet d’arriver à promouvoir le respect de ses droits et de sa liberté mais également d’être à l’écoute de ses désirs et de ses besoins. La Résidence du Fort est particulièrement soucieuse du respect de la personne, de son histoire, de sa dignité et de sa singularité.

Tout résident accueilli est considéré comme un individu à part entière, dont la capacité de développement lui est propre. Ce principe de l’égale dignité entre tous les êtres humains, présent dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme, est prépondérant dans une perspective de valorisation de la singularité de chacun par une mise en valeur ou une affirmation de celle-ci.

La valorisation de l’expression des résidents se situe au cœur de nos interventions. Elle représente une démarche permanente où tous les moyens sont mis en œuvre soit pour favoriser l’expression ou (ré)apprendre au résident à exprimer ses besoins et ses envies ; soit pour accompagner le résident dans l’identification de ceux-ci, lorsqu’il ne peut pas les exprimer lui-même.

Il est difficile de se définir « bientraitant » avec exactitude, ce concept « contextuel et non figé » évolue en fonction des situations, des personnes, du contexte, etc. Il est donc nécessaire d’adapter la bientraitance à l’environnement et au contexte dans lequel il se trouve. C’est pourquoi il est essentiel que les professionnels de la Résidence du Fort puissent apporter des réponses adaptées et personnalisées à une situation donnée. Dans cette volonté, l’équipe éducative bénéficie de nombreux outils et de moments de réflexion afin de toujours apporter la meilleure réponse possible aux besoins identifiés, à un moment précis et en rapport aux demandes exprimées dans un contexte donné.

Pour mener à bien cette approche, les professionnels de la Résidence du Fort adoptent une posture de bientraitance adéquate, leur permettant d’être des professionnels au-delà des actes. Il ne s’agit pas d’être un professionnel uniquement sur l’aspect théorique, la posture de celui-ci se doit de correspondre à cette culture de bientraitance véhiculée par la Résidence du Fort. Cette posture reflète une manière d’être générale, d’agir et de dire, soucieuse de l’autre, réactive aux besoins et aux demandes, respectueuse des choix et des refus du résident.

Cette posture de bientraitance intègre une relation d’égal à égal, entre les résidents et les professionnels, tout en maintenant un cadre institutionnel stable, avec des règles claires, connues et sécurisantes pour tous et un refus catégorique au recours à toutes formes de violence qu’elles soient physiques ou psychologiques.

L’empowerment

La notion d’empowerment dans son sens le plus large, exprime la capacité d’un individu à se connaître et à se comprendre davantage pour parvenir à mobiliser ses forces personnelles, sociales, économiques et politiques dans le but d’agir pour améliorer sa qualité de vie.

En psychiatrie, l’empowerment se traduit par un processus éducatif complexe, par lequel l’individu est encouragé à participer à sa prise en charge, pour parvenir à son autonomisation ou à sa capacitation dans son projet de vie. Les résidents mettent en œuvre leurs compétences ainsi que leurs habilités personnelles et interpersonnelles, afin d’améliorer les conditions de vie qui les affectent. On parle alors d’acquisition, de développement, d’augmentation et d’utilisation du pouvoir.

Il s’agit aussi pour l’équipe éducative, d’encourager les résidents à comprendre, à analyser, à maintenir ou à améliorer leur qualité de vie, en (re)prenant le pouvoir sur leur propre existence et donc en (re)prenant le contrôle de leur vie.

L’empowerment nécessite donc un travail quotidien et constant de la part de l’équipe éducative, puisqu’il s’agit d’informer, d’apprendre et d’accompagner les résidents dans la compréhension de leur maladie, de leur traitement, des soins qui leurs sont prodigués et du cadre de vie dans lequel ils évoluent.

Le care

Le terme « care » que l’on peut traduire comme le soin et/ou la sollicitude, revêt de nombreuses significations. De façon global, la notion de « care » l’attitude de « prendre soin » se différencie de la notion de « cure » qui vise à « guérir ». La notion de care, telle que nous l’entendons, se décline en quatre dimensions :

« caring about » ou « se soucier de » : la première dimension réside dans le fait de constater l’existence d’un besoin et à évaluer toutes les manières d’y apporter une réponse.

« taking care of » ou « prendre en charge » : la seconde dimension consiste à agir en mobilisant toutes les ressources nécessaires en vue de répondre au besoin précédemment identifié.

« care giving » ou « prendre soin » : la troisième dimension se réfère à un accompagnement de proximité où le professionnel détient une place importante auprès des résidents. Cet accompagnement de proximité n’est pas défini par les règles, le droit ou la théorie de chaque profession mais par l’adoption de réponses adaptées et personnalisées à des situations données.

« care receiveing » ou « recevoir le soin » : cette dernière dimension est l’une des plus importantes, puisqu’elle reste la seule manière de savoir si une réponse adaptée a été apportée au besoin constaté. Elle permet d’évaluer l’ensemble du processus de soin dans une dimension de réciprocité, où le professionnel pourra reconnaître la manière dont le résident à réagit au soin.

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